La grâce qui coûte

Cela fait longtemps que j'avais envie d'écrire un peu plus suite à ma lecture de Bonhoeffer... en particulier sur ce sujet de la grâce. Nous y voilà donc enfin.
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Bonhoeffer est un Luthérien, et dans son ouvrage "Le prix de la Grâce", il rappelle ce que Luther a prêché et que beaucoup de chrétiens ont oublié : ce que signifie la grâce dans l'Évangile. On sent la colère du pasteur qui s'exprime (extraits):
La grâce à bon marché, c'est la justification du péché et non point du pécheur. Puisque la grâce fait tout toute seule, tout n'a qu'à rester comme avant... Que le chrétien vive donc dans le monde, qu'il soit en toutes choses semblable au monde, et qu'il ne s'avise surtout pas... de mener sous la grâce une vie différente de celle qu'on mène sous le péché !
Cela en dit long sur l'état de l'Église à son époque... mais continuons.
Le chrétien, donc, n'a pas à obéir à Jésus, il n'a qu'à mettre son espoir dans la grâce !
Ceci, c'est la grâce à bon marché, justification du péché mais non point justification du pécheur repentant, du pécheur qui abandonne son péché et fait demi-tour...
La grâce à bon marché, c'est la prédication du pardon sans repentance... La grâce à bon marché, c'est la grâce que n'accompagne pas l'obéissance, la grâce sans la croix, la grâce abstraction faite de Jésus-Christ vivant et incarné.
La grâce qui coûte c'est le trésor caché dans le champ : à cause de lui, l'homme va et vend joyeusement tout ce qu'il a ; c'est la perle de grand prix... c'est l'appel de Jésus-Christ ; l'entendant, le disciple abandonne ses filets et suit.
... Elle coûte, parce qu'elle appelle à l'obéissance ; elle est grâce parce qu'elle appelle à l'obéissance à Jésus-Christ ; elle coûte, parce qu'elle est, pour l'homme, au prix de sa vie ; elle est grâce parce que, alors seulement, elle fait à l'homme cadeau de la vie ; elle coûte parce qu'elle condamne les péchés, elle est grâce parce qu'elle justifie le pécheur. La grâce coûte cher d'abord parce qu'elle a coûté cher à Dieu, parce qu'elle a coûté à Dieu la vie de son Fils... parce que ce qui coûte cher à Dieu ne peut être bon marché pour nous. Elle est grâce d'abord parce que Dieu n'a pas trouvé que son fils fût trop cher pour notre vie, mais qu'il l'a donné pour nous.
Bonhoeffer continue en prenant l'exemple des moines qui, dans l'église romaine, représentent ceux qui ont pris le parti de tout quitter, de payer... donnant l'impression que l'obéissance à Jésus est l'exploit de quelques uns. C'est dans ce contexte que "Luther saisit la grâce"...
L'itinéraire de Luther, sortant du couvent pour rentrer dans le monde, représente l'attaque la plus rude dirigée contre le monde depuis le christianisme primitif. Le refus signifié au monde par le moine n'était qu'un jeu d'enfant comparé au refus subi par le monde en la personne de celui qui y rentrait.
L'attaque venait maintenant de front ; il fallait désormais suivre Jésus au beau milieu du monde ; ... Il fallait pratiquer l'obéissance totale au commandement de Jésus dans la vie professionnelle de tous les jours. ...
Pour Luther la vocation séculière du chrétien ne reçoit ... toute sa justification que parce qu'en elle se fait entendre avec toute la netteté voulue la protestation contre le monde...
La reconnaissance de la grâce fut pour lui l'ultime et radicale rupture avec le péché de sa vie, mais elle n'en fut jamais la justification...
Je pourrais continuer avec d'autres extraits... mais vous avez ici l'axe de sa pensée. Pour ma part, ce qu'il a écrit m'encourage. À rester ferme, à obéir. À marcher sur le chemin étroit -- parce que finalement, la grâce à bon marché, c'est le chemin large. On sait où il mène. En tant que chrétien, nous vivons dans le monde et nous obéissons à Jésus : c'est bien "une attaque" quotidienne que nous devons mener !
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Matthieu 7:13-14
Entrez par la porte étroite. Car large est la porte, spacieux est le chemin qui mènent à la perdition, et il y en a beaucoup qui entrent par là. Mais étroite est la porte, resserré le chemin qui mènent à la vie, et il y en a peu qui les trouvent.
En ce jour de Pâques, nous nous souvenons de la résurrection. C'est un jour de joie ! Mais n'oublions pas le prix que notre nouvelle vie a coûté à notre Seigneur Jésus...

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