Médiocrité ou sainteté

Médiocrité ou sainteté est un ouvrage écrit par Gaston Racine, publié en 1971. Vous pouvez le retrouver au format pdf sur internet, ou sur des boutiques de livres d'occasion, comme Chez Carpus. Il n'est pas très long : 108 pages.

Gaston Racine (1917-2006) était un prédicateur évangélique d'origine Suisse, qui a fini sa vie à Montréal. On peut retrouver de ses messages sur Trésor Sonore ou Voices for Christ.

Réserves

Avant de rentrer dans le résumé du livre, je voudrais commencer par les quelques trucs qui à mon avis ne devraient pas figurer dans un livre évangélique, ou en tout cas pas sans émettre des réserves. Premier exemple : une citation extraite du "livre de Sagesse", comme si c'était un livre de la Bible – si vous ne le connaissez pas, c'est parce que c'est un livre apocryphe, que l'on trouve dans les Bibles catholiques. Une seule citation dans tout le livre, entre des centaines de citations bibliques, on pourrait dire que ce n'est pas grave, mais ce mélange prête à confusion, et m'inquiète sur les positions œcuméniques de l'auteur.

Deuxième sursaut : une référence à Bourdaloue. Je vous cite l'extrait.

Non ! Jusque dans les pays les plus christianisés, ce n’est pas l’Évangile qui pénètre les divers éléments du monde pour les sanctifier. Au contraire, partout ce sont les éléments du monde qui submergent les Églises demeurées trop longtemps infidèles. Ce qui restait de saint se transforme en choses profanes par une transvaluation des valeurs. C’est la sainteté à notre mode, une sainteté selon nos vues, selon nos désirs, une sainteté qui ne coûte rien et que dénonçait déjà Bourdaloue au 17e siècle.
Que dit l’Écriture ?
Bien avant le prédicateur de l’Ordre des Jésuites, Dieu, par la bouche de son prophète Ézéchiel, reprochait aux sacrificateurs de Jérusalem de violer Sa Loi et de profaner Ses sanctuaires.
Mettre l'un à côté de l'autre Ézéchiel et un prédicateur Jésuite, quand bien même il était un modéré vis-à-vis des réformés (selon cet article), c'est tout de même assez incroyable. Cela tend à laisser croire au lecteur que les catholiques sont aussi évangéliques, ce qui est évidemment bien faux. 

Enfin, pour terminer, l'auteur cite longuement Paul Claudel, fameux poète et ardent catholique. La citation en elle-même me semble orthodoxe (je n'ai pas sursauté en la lisant), mais encore une fois, il ne faut pas que ça prête à confusion. On peut croire que certains catholiques ont fait une vraie expérience de conversion, mais c'est plutôt "malgré" leur catholicisme et non parce que cette religion prêcherait la vérité.

Les évangéliques sont souvent naïfs vis-à-vis des catholiques romains. Il faut pourtant être conscients que parfois en utilisant les mêmes mots, les catholiques ont une compréhension bien différente de la Bible. Il faut se souvenir que si la Réforme a dû revenir au principe de "la Parole Seule", c'est parce que les catholiques acceptent d'autres autorités (la tradition, le pape...), ce qui leur permet de tordre le sens de l'Écriture.

Ces réserves posées, le reste du livre reste intéressant. Je regrette le système de citation de la Parole, à laquelle il est souvent fait simplement référence par des notes de fin de chapitre, plutôt que des citations explicites. Cela nous prive de la simple lecture de ces versets, qui renforcerait certainement le message.

Résumé

Le premier chapitre rappelle la nécessité du choix, que Dieu met devant l'homme depuis le jardin d’Éden, et que l'on retrouve à maints endroits dans la Bible. Il rappelle que la Bible est "binaire" : il n'y a pas d'entre deux, il y a le bien et le mal, la lumière et les ténèbres, Dieu et Mammon, le chemin large et le chemin étroit... et les différents choix que nous faisons dans notre vie nous conduisent à la médiocrité ou à la sainteté. Il relève ce risque qu'ont les chrétiens à vouloir "être comme tout le monde", comme le peuple d’Israël autrefois. Je cite :

Étant des hommes de chair, il est très difficile, même si nous sommes "nés de nouveau," (Jn 3:3), de ne pas nous laisser influencer par le monde. Laissé à lui-même, l’homme reste charnel. Ses œuvres sont celles de la chair qu’il imite, non pas toujours dans ses actions les plus grossières, mais également dans ses agissements les plus raisonnables. [...]

Dieu ne suffit plus. Nous avons soif du monde et de ses convoitises. Nous voulons vivre comme tout le monde. Ayant commencé avec Dieu, on ne veut plus aller jusqu’au bout avec Lui. On s’arrête à mi-chemin pour s’installer dans la médiocrité. Dès cet instant, nous sommes non seulement incapables de répondre aux réels besoins du monde, mais nous devenons inutiles et même nuisibles aux âmes qui nous entourent.

L'auteur détaille ensuite ce que signifie la médiocrité dans la vie du chrétien, en prenant plusieurs exemples bibliques (Lot, Eli, Saül...). Il détaille ce que signifie la Sainteté, plus longuement, présentant encore une fois la vie de plusieurs hommes de foi de la Bible.

Il insiste : "on ne sait plus renoncer"...

Et cette vie conforme au monde est devenue tellement normale dans les églises, que l’on trouve étrange tout ce qui ne ressemble pas à la médiocrité.
Enfin l'auteur rappelle les fondamentaux. Il parle de la sanctification, le chemin vers la Sainteté, en rappelant bien sûr qu'il faut déjà avoir passé par la repentance pour être devenu chrétien. Si l'Esprit de Dieu agit en nous comme nous le croyons, est-ce que l'on peut voir en nous les fruits de l'Esprit ?

 Le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance ; la loi n'est pas contre ces choses.
Galates 5:22-23

Il nous invite à la vigilance, qui nécessite de la discipline, comme des soldat.

Veillez donc, car vous ne savez quand viendra le maître de la maison, ou le soir, ou au milieu de la nuit, ou au chant du coq, ou le matin ; craignez qu'il ne vous trouve endormis, à son arrivée soudaine.
Marc 13:35-36

Il nous exhorte à avoir une vie de prière permanente.

Priez sans cesse.
1 Thessaloniciens 5:17

Il nous rappelle qu'il faut garder les yeux fixés sur Jésus, dans notre course chrétienne, pour vivre dans sa lumière :

Rejetons tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, ayant les regards sur Jésus, le chef et le consommateur de la foi...
Hébreux 12:1-2

Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumière ! Car le fruit de la lumière consiste en toute sorte de bonté, de justice et de vérité. Examinez ce qui est agréable au Seigneur.
Éphésiens 5:8-10

Enfin, l'auteur répète l'importance de se nourrir de la Parole de Dieu en la lisant et en la méditant de façon personnelle et quotidienne.

Je devance l'aurore et je crie ;
J'espère en tes promesses.
Je devance les veilles et j'ouvre les yeux,
Pour méditer ta parole.
Psaume 119:147-148

Ces choses leur sont arrivées pour servir d'exemples, et elles ont été écrites pour notre instruction, à nous qui sommes parvenus à la fin des siècles.
1 Corinthiens 10:11

Remarques finales

Ce livre a donc le mérite de recentrer nos regards vers l'essentiel, et de nous rappeler que le nom de chrétien ne doit pas être porté "à la légère". Nous avons un témoignage à partager avec ceux qui nous entoure, et ce témoignage doit être porté par des "vases sanctifiés".

Je crois qu'on n'insistera jamais assez sur cette nécessité que nous avons de nous garder de l'influence du monde. Faisons attention aussi à ne pas être naïfs face à ceux qui se disent chrétiens et prêchent aussi la sainteté. Oui, il y a parfois de bonnes choses à retenir, je pense par exemple au blog Femme à part qui exhorte les femmes à la sainteté, mais malheureusement l'église catholique Romaine reste dans l'erreur à de nombreux niveaux, par exemple en reniant au moins en partie l'efficacité du sacrifice de notre Seigneur Jésus Christ.

Ce qui est important, c'est que notre marche vers la Sainteté, conséquence de notre foi, doit porter des fruits dans tous les aspects de notre vie : notre emploi du temps, notre humeur, notre travail, notre apparence, nos relations, et bien sûr tous nos choix, surtout nos choix de vie.

Car l'amour de Christ nous presse, parce que nous estimons que, si un seul est mort pour tous, tous donc sont morts ; et qu'il est mort pour tous, afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes, mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux.
2 Corinthiens 5:14-15

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