Existe-t-il une économie chrétienne ?

C'est le titre d'un troisième ouvrage que j'ai lu récemment de la collection "Question suivante ?" éditée par les éditions Farel et les GBU, après Le travail, malédiction ou valeur chrétienne ? et Médias : quelle (télé) vision ?. Ce fascicule de seulement 62 pages est écrit par Hélène Farelly, professeur d'économie, à l'occasion de la crise économique liées aux subprimes en 2008. Au milieu du désordre et des inégalités économiques qui sont toujours d'actualité, elle nous livre une réflexion sur les principes économiques que l'on peut retirer de la Bible. Autant le dire d'emblée : c'est très intéressant !

Résumé

 Le livre est simplement découpé en trois chapitres, ainsi qu'une introduction et une conclusion.

La notion d'économie découle du fait de la rareté (des ressources), alors que l'homme a des besoins auxquels il doit subvenir. Il est intéressant de noter que l'auteure, dès les premières lignes, nous ramène au fondement de la Genèse :

"Séparés de Dieu par le péché, les hommes ont fait de leur avenir économique une lutte incessante contre la rareté." (p.6)

Qui dit rareté dit aussi nécessité de partager les ressources, et de faire des "choix économiques" auxquels nous sommes toujours confrontés : travailler, produire, consommer (ou pas), investir, embaucher un salarié...

Le chapitre 1 explique que la notion de propriété est fondamentale, et qu'elle est longuement évoquée dans la Bible. Comme souvent dans ce livre, c'est le Lévitique qui nous donne, avec la loi de Dieu, la façon dont Dieu envisage l'économie pour les hommes. Mais déjà dans l'Exode, le huitième commandement, sur le vol, implique la notion de propriété. Plus généralement, on voit que le modèle biblique qui se dessine n'est ni capitaliste, ni communiste : par exemple, pour éviter que les plus riches s'enrichissent toujours, il y avait le jubilé, sorte de de "remise à zéro" où les plus pauvres pouvaient récupérer leur bien.

Le modèle de partage décrit au début de l'Église dans Actes 4 était temporaire et ne semble pas avoir été appliqué au-delà de Jérusalem. Un principe ressort : 

"Ce que nous possédons est un don gratuit de Dieu." (p.23)

Le chapitre 2 pose "les bases d'une éthique personnelle par rapport aux ressources", avec :

  • le souvenir de ce que Dieu a fait pour nous, que nos richesses viennent de Dieu,
  • la reconnaissance : la gratitude envers Dieu qui donne gratuitement doit nous pousser à faire de même, en sachant avoir compassion de notre prochain,
  • le détachement : le chrétien ne doit pas s'attacher à ses richesses, sachant que la richesse est une bénédiction et un danger
  • la liberté économique : savoir se libérer de la roue infernale du toujours plus,
  • la générosité : être généreux, c'est donner "plus que de raison", comme Zachée qui rendait le quadruple !
  • l'espérance : au lieu d'être abattu et désespérés par la situation économique, le chrétien se confie dans les promesses de Dieu et cherche à l'honorer par sa façon de gérer ses richesse, selon ses moyens.

Le chapitre 3 parle des notions de justice et d'équité économiques selon la Bible. Dans la lignée de ce qui précède, quelques principes bibliques permettent de réduire, un tant soit peu, les grandes inégalités de ce monde. Il s'agit de savoir redonner ce que Dieu nous donne, de pratiquer la justice, d'avoir de la compassion et non du mépris pour ceux qui sont rejetés par la société.

En conclusion, l'auteure nous invite à agir chacun de façon responsable, à notre niveau, dans notre façon de consommer en particulier.

Avis

J'ai beaucoup apprécié la façon dont l'auteur appuie son raisonnement sur les textes bibliques. Les citations sont nombreuses. Elle insiste sur le fait que la loi de Dieu, si elle est inapplicable de nos jours de façon littérale, nous éclaire sur la façon dont Dieu conçoit le partage des richesses, la justice, la compassion. La loi illustre les valeurs chrétiennes que nous pouvons pratiquer encore aujourd'hui. Par exemple, la Parole nous enseigne la justice :

Tu n'opprimeras point le mercenaire, pauvre et indigent, qu'il soit l'un de tes frères, ou l'un des étrangers demeurant dans ton pays, dans tes portes. Tu lui donneras le salaire de sa journée avant le coucher du soleil ; car il est pauvre, et il lui tarde de le recevoir. Sans cela, il crierait à l'Éternel contre toi, et tu te chargerais d'un péché.
Deutéronome 24:14-15

Et elle recentre nos pensées sur l'essentiel :

Qu'as-tu que tu n'aies reçu ? Et si tu l'as reçu, pourquoi te glorifies-tu, comme si tu ne l'avais pas reçu ?
1 Corinthiens 4:7

Heureux ceux qui ont faim et soif de la justice, car ils seront rassasiés !
Matthieu 5:6
Je recommande évidemment ce livre à tous ceux qui s'intéressent à l'économie ! Plus généralement, pour tous ceux qui veulent mener une réflexion sur leur façon de consommer, je crois que ce livre aidera à poser de bonnes bases bibliques. Quand on constate la montée en puissance de tous les mouvements "éco-responsables", "éthiques", "durables", c'est un sujet bien d'actualité !


Commentaires

Anonyme a dit…
Quand je l'avais lu, je l'avais trouvé très décevants.
D'autres livre sur le sujet que j'avais préféré :
- "Un liberal nommé Jesus" par Charles Gave (Economiste) (https://gavekal.com/CRM/attachment.cfm?src=BOK&id=24)

- What does the Bible teach about economics par le professeur d'economie Paul Segerstrom (https://drive.google.com/file/d/0BzUB9-5XxbQlTURWUW9hS2l5Mkk/view)




Amy a dit…
Merci pour ce commentaire ! C'est peut-être parce que je ne connais rien au sujet que j'ai pu l'apprécier ?
Merci pour les recommandations en tout cas, j'en prends bonne note !

Posts les plus consultés de ce blog

20 mauvaises nouvelles et 1 bonne !

Bataille à Rephidim

Sourire